Elle finira bien un jour cette crise et tous conviennent que le monde, y incluant le celui du travail, en sortira changé. Déjà, malgré le sentiment d’impuissance que nous éprouvons face à ce minuscule et indomptable virus, émerge une grande fierté devant les efforts et la solidarité de nos dirigeants, nos concitoyens, nos collègues, nos amis. La créativité québécoise est au rendez-vous et les initiatives stimulantes se multiplient !
De la lumière dans le brouillard
Le secteur de la santé est premier sur la ligne de front, réorganisant tous les services en vue de l’arrivée massive de patients affectés par la maladie. Pour protéger tout le monde, particulièrement les aînés, il fallait réduire les contacts entre les visiteurs, les patients et le personnel de soins. Les services téléphoniques, débordés au départ, se sont renforcés. À la porte d’à côté, propulsées par ces objectifs de distanciation sociale, on voit s’intensifier les pratiques de télémédecine[i] en clinique médicale. Plusieurs patients se voient offrir d’échanger avec leur médecin par téléphone ou en visioconférence. Certaines résidences de personnes âgées, désertées de leurs visiteurs et désespérément à court d’effectifs, ont pourtant trouvé le temps d’organiser des visites familiales virtuelles.
Dans le domaine de l’alimentation, on installe des lavabos de fortune, on érige des murs de protection pour le personnel de caisse et on met en œuvre, en moins de deux, une nécessaire logistique de livraison à domicile.
Le secteur industriel rebondit aussi. Des producteurs de gin et de vodka migrent au gel désinfectant, des entreprises de la plasturgie et du textile font dans les équipements de protection médicaux et des chaînes de montage reprogramment les robots qui pourraient produire des respirateurs.
Le secteur de l’éducation met l’épaule à la roue en développant des cours à distance et des plateformes pédagogiques en des temps record.
Dans le monde du travail, la crise bouscule les pratiques et crée des opportunités. Les employeurs qui hésitaient à tester les multiples options du télétravail s’y seront essayés, parfois sans trop de préparation. Heureusement, le contexte de solidarité actuel démocratise l’accès aux conseils des experts en la matière qui multiplient les webinaires gratuits pour partager trucs et recommandations afin de guider entreprises et employés dans un environnement de travail redéfini.
Malgré ces initiatives rassurantes, nous sommes toujours en pleine crise ! Les directives sanitaires de confinement s’étirent, personne ne sait quand et comment on rebondira.
Est-il trop tôt pour faire des plans ?
Dans un climat d’incertitude et de mouvance, faire des plans peut sembler vain. Il y a un rationnel derrière cette perception : trop de variables inconnues rendent l’exercice hasardeux tout en compromettant la valeur de la prédiction. Pourtant, les bénéfices attendus par un tel exercice sont immenses. C’est un peu comme prendre le temps de faire des listes alors qu’on jongle avec un agenda qui déborde, cela donne une rassurante perception de reprise de contrôle.
Alors oui, malgré le brouillard ambiant, canaliser l’effervescence actuelle pour commencer à planifier l’après-crise est salutaire, voire nécessaire. Bien sûr, il faudra explorer plusieurs scénarios et accepter qu’ils doivent inévitablement être revus pour s’adapter au réel. Mais les questions qu’on se sera posées constituent un cheminement vers un plan de match enrichi, même s’il n’est pas final.
Plusieurs entreprises disposent déjà d’un plan de continuité[ii] qui guide leur gouvernance et leurs opérations actuelles en situation de crise. Un tel plan peut servir à organiser les activités organisationnelles essentielles en ralentissement ou rupture de services, tout autant qu’à planifier le redémarrage des opérations après la cessation des activités. Il repose sur une réflexion quant aux processus décisionnels, la priorisation des services, le maintien des contacts avec les employés et les fournisseurs, la préservation des installations, la stratégie marketing, la planification budgétaire, etc.
Plusieurs ne peuvent s’offrir le temps de réfléchir à l’après-crise actuellement, impliqués à 100% dans les services essentiels à la population. Mais si votre entreprise n’est pas dans cette situation, il est judicieux d’utiliser votre créativité pour commencer à définir les balises d’un plan de relance[iii] qui vous ramènera dans l’action.
Alors que les aides gouvernementales de sortie de crise se font plus concrètes… les contours de la reprise se précisent. Il n’est pas trôp tôt pour réfléchir à l’utilisation optimale et proactive qu’on pourra faire de ces mesures et aux autres leviers qui nous appartiennent en propre pour se remettre au boulot!
[i] Protégez-vous, COVID19: la télémédecine gagne du terrain , 1er avril 2020.
[ii] Gouvernement du Québec, Modèles pour concevoir un plan de continuité des activités et le mettre en pratique, mise à jour au 2 mars 2020.
Détail formation, Plan de continuité des opérations – COVID-19, Version du 30 mars 2020.
[iii] Langlois, Limiter les impacts économique de la COVID-19 sur vos entreprises – planifier la relance, 23 mars 2020.